Le point de départ de Ersilia est le dispositif, à la fois sonore, scénographique et chorégraphique.
J’ai démantelé des pianos à bout de souffle, ne gardant que la table d’harmonie, soit les viscères, les organes. Ces cadres-cadavres sont devenus de purs corps résonnants. Liées par des fils de nylon les cordes ne peuvent émettre un son par elles-mêmes, cependant la vibration de l’une entraîne indéfectiblement la corde sœur d’un autre instrument éloigné de plusieurs mètres.
Évoluant dans l’espace intermédiaire ainsi créé, je me déplace le long de ces fils. Lorsqu’ils sont frottés, pincés, touchés, ils transmettent leurs vibrations aux cordes, puis aux cadres, et mettent les tables d’harmonie en résonance.
Dans la continuité de mes précédentes créations, le but de ce dispositif est encore de trouver de nouvelles manières de lier mouvement et son. Je cherche comment l’engagement intégral du corps peut produire de la musique et comment ce jeu engendre du geste en retour : l’interdépendance geste-son propre à toute pratique instrumentale est ici portée à son paroxysme. Mon travail n’est qu’une amplification de cette relation, soit le corps devenu un archet vivant.