Forêt vierge

Un homme seul dans la jungle. Fatigué, abîmé, blessé peut-être, un homme marmonne pour lui seul ou s’adresse à quelqu’un. Il s’est arrêté au milieu de la forêt, il est accroupi, ses vêtements sont sales et déchirés. La lumière décline peu à peu, à la fin il fait noir.

Forêt Vierge est un texte court, dense et puissant, qu’Olivia Rosenthal a écrit en revenant d’un voyage en forêt amazonienne. Ce n’est pas un récit de voyage, il résonne étrangement dans notre actualité où, là aussi, toute ‘certitude’ vacille, où l’on perd ses repères, où les contours s’estompent.

Le danger, c’est de l’intérieur qu’il va venir. Il n’y a pas plus dangereux que l’intérieur parce que l’intérieur est plus vierge encore que la forêt. Plus impénétrable. Plus obscur. Plus difficile à scruter. Plus proche. Ce sont les ravages de l’intérieur qu’il faut craindre.

Forêt vierge, Olivia Rosenthal

Cette traversée de la Forêt Vierge est un voyage intérieur, elle résonne étrangement en chacun. Quant à moi j’y entends l’écho de mon enfance, de l’exil, de la perte, de la mort… L’homme  incarné par Micha Lescot se parle et nous parle, l’adresse se joue dans un espace imaginaire entre l’être et sa solitude, et le public. L’espace sonore et visuel du spectacle, l’homme, tout existe, fluctuant, unique, insaisissable.

Camilla Saraceni, novembre 2013.

Texte : Olivia Rosenthal
Mise en scène : Camilla Saraceni (site)
Lecture : Micha Lescot
Images : Laurent Larivière
Musique : Alvise Sinivia